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Le Club des veuves qui aimaient la littérature érotique de Balli Kaur Jaswal

Nikki s'arrêta et regarda autour d'elle. Il n'y avait que des femmes, la tête couverte - des femmes courant derrière leurs bambins, des femmes qui se regardaient de travers, des femmes voûtées appuyées sur des déambulateurs. Chacune avait son histoire. Elle s'imaginait parler à une pièce plein de femmes pendjabies. Ses sens étaient maintenant submergés par la couleur des kameez, les froufrous de tissu et les crayons qui tapotent, l'odeur de parfum et de curcuma mêlés.

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Le Club des veuves qui aimaient la littérature érotique

De Balli Kaur Jaswal

Titre original : Erotic Stories for Punjabi Widows

Traduit de l'anglais (Singapour) par Guillaume-Jean Milan

Éditions Belfond - Collection Le Cercle Belfond - Date de parution : 3 mai 2018

ISBN : 9782714475756 - 352 pages - Prix éditeur : 21 €

Nikky, londonienne de vingt-deux ans, est la rebelle de la famille. Alors que ses parents espéraient qu'elle fasse des études de droit, Nikky décida d'abandonner. Au décès de son père qui interviendra peu de temps après son échec scolaire, elle quitte la maison familiale pour devenir serveuse et vivre dans un appartement au-dessus du bar où elle travaille.

Mais Nikky a tout de même des ambitions et réalise qu'elle ne veut pas travailler comme serveuse toute sa vie. Son rêve, travailler dans le social en venant en aide aux autres et principalement les femmes.

Alors qu'elle se trouvait devant les panneaux d'affichage du gurdwara de Southall afin d'y accrocher une annonce matrimoniale pour faire plaisir à sa sœur Mindi, Nikky découvre une annonce intéressante :

"Cours uniquement ouvert aux femmes. Nous recherchons une animatrice.

Emploi rémunéré, deux jours par semaine.

Merci de contacter Kulwinder Kaur à l'Association communautaire sikhe".

Même si Nikki n'a pas les compétences pour animer un atelier d'écriture, elle serait capable de donner quelques conseils d'écriture à certaines femmes du temple. Elle décide de postuler et malgré son manque de compétences, obtient facilement le poste.

Mais Nikki comprendra très vite que ce n'est pas un atelier d'écritures qu'elle devra animer mais venir en aide à des femmes de tous âges, certaines veuves, à apprendre à écrire et à lire. Pourtant les femmes inscrites au cours ont d'autres projets en tête.

 

Le roman "Le Club des veuves qui aimaient la littérature érotique" nous transporte principalement dans le quartier londonien de Southall, fréquemment surnommé "Little India" car de nombreuses personnes d'origine indienne et pakistanaise y vivent. Nikki est issue d'une famille pendjabie légèrement traditionnaliste mais pas religieuse. [Le Pendjab est un État de l'extrême nord-ouest de l'Inde et qui a perdu une partie de son territoire lors de la Partition en 1947]. Nikki et sa sœur Mindi ont été élevées dans un foyer indien mais bénéficiaient d'une certaine liberté quelque peu éloignée de la communauté sikhe et de Southall. Ni Nikki, ni sa mère et sa sœur ne vivent à Southall et n'y ont d'ailleurs jamais vécu. Un choix des parents de Nikki et de Mindi qui ne voyaient pas l'intérêt de vivre en Angleterre pour avoir des voisins pendjabis et qui décidèrent d'établir leur foyer à Enfield dans le nord de Londres.

Alors que Southall n'est qu'un vague souvenir pour Nikki, elle s'y rendra pour déposer une annonce pour sa sœur qui a décidé de se trouver un mari dans la communauté. Le hasard voudra que Nikki se rendra par la suite régulièrement à Southall et particulièrement au gurudwara. Même si sur l'annonce, il y avait été clairement écrit que le poste était pour animer un atelier d'écritures, la mission demandée par Madame Kulwinder Kaur travaillant à l'association de la communauté sikhe, est d'apprendre l'alphabétisation à des femmes illettrées. Pourtant, Nikki se retrouvera face à des femmes qui s'ennuient des commérages et des sitcoms indiens qu'elles regardent en boucle à la télévision : elles ont besoin de pimenter leur imagination. Ces femmes, majoritairement des veuves, ont passé toute leur vie d'épouse et de mère à se demander ce qu'était le plaisir. D'autres sont des femmes qui regrettaient l'intimité qu'elles avaient connue et voulaient revivre ces expériences. On se retrouve donc à travers ces femmes bien loin du cliché traditionnaliste et pudibonde qu'elles pourraient dégager. "Le Club des veuves qui aimaient la littérature érotique" est donc un roman léger, sans langue de bois et dont l'imagination de ces veuves (et donc de l'auteure Balli Kaur Jaswal) va très loin et pourra même vous surprendre. C'est un roman quelquefois comique mais cachant une part de dramatisme. En effet, Nikki n'est pas la seule protagoniste de cette histoire, il y a également Madame Kulwinder Kaur qui a perdu sa fille unique Maya alors que cette dernière était encore jeune mariée. Kulwinder ne croit pas au suicide de sa fille mais comment savoir la vérité sans se faire menacer. A travers les pages du romans, d'autres anciens drames apparaitront au sein de la communauté,  des meurtres d'honneur considérés à l'époque de leurs faits comme des accidents. Et il y a ces hommes qui veulent maintenir la morale au sein de la communauté en rétablissant l'ordre.

"Le Club des veuves qui aimaient la littérature érotique" est un roman à travers lequel nous y découvrons une Nikki qui se métamorphose : d'une jeune femme superficielle elle se transforme peu à peu en une jeune femme sûre d'elle et qui commence à faire des choix dans sa vie pour son avenir. Au fil du roman, le mystère de Maya se dissipe également et certains personnages se dévoileront.

"Le Club des veuves qui aimaient la littérature érotique"  est un roman osé mais dont apprécie grandement sa lecture. Balli Kaur Jaswal son auteure, a su nous plonger à travers une histoire légère au sein d'une communauté sikhe et de ses secrets et par la même occasion nous tenir en haleine car derrière ces notes légères, un rebondissement fera vibré le roman.

 

C'est où, Southall ?
La question la surprit. Depuis qu'elles étaient amies, elle avait forcément parlé de Southall à Olive. Mais après tout, elles s'étaient connues dans le secondaire, des années après que les parents de Nikki eurent estimé que ces incursions d'une journée au Pendjab créaient trop de problèmes. Au moins, Olive n'avait pas eu à l'entendre se plaindre de ces samedis entiers gâchés à chercher de la coriandre en poudre d'excellente qualité et des graines de moutarde.

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P
J'ai beaucoup aimé ce roman et je suis ravie de voir une vidéo de Southall (je n'avais pas pensé à chercher), les façades colorées sont superbes, bon weekend !<br /> Le lien vers mon billet : https://pativore.wordpress.com/2018/09/13/le-club-des-veuves-qui-aimaient-la-litterature-erotique-de-balli-kaur-jaswal/
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V
Cela nous mets dans l'ambiance ;-)