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11 Décembre 2019
Les mots sont semblables à des écrans japonais ; des rideaux derrière lesquels les gens se dissimulent et que des spectateurs indiscrets soulèvent légèrement pour apercevoir celui qui parle, la personne ou l'objet à demis révélés. "La parole est moitié à celui qui parle, moitié à celui qui écoute" disait Montaigne. Car toujours, entre le mot et la réalité, s'interposent l'inévitable imperfection, le flou de l'approximation, enfouis à l'intérieur du mots, dans les mille tabous de l'inconscient, les mécanismes de censures, qui nous biaiser ou user d'euphéminismes.
S'il ne reste que l'amour
De Han Suyin
Titre original : The Share of Loving
Traduit de l'anglais par Magali Berger
Uniquement en occasion
C'est en 1956 que Han Suyin et Vincent Ruthnaswamy se sont rencontrés. Han Suyin est d'origine chinoise mais vivait alors en Malaisie où elle dirigeait une clinique. La maison familiale de Vincent se situait à Mylapore dans l'actuelle banlieue de Madras (Chennai) dans le Tamil Nadu jusqu'au jour où son père, président de l'Association catholique indienne, ne pouvait plus y vivre car il était devenu trop vieux. Vincent a eu trois enfants d'un précédent mariage et après avoir servi dans l'armée, il est devenu ingénieur et a ainsi pu travailler dans plusieurs pays dont le Népal où ils se sont rencontrés. C'est en 1961 que Han Suyin et Vincent purent vivre ensemble à Singapour avant de rejoindre Hong Kong puis Paris et Lausanne quelques années plus tard. Il n'était pas simple pour Han Suyin de se faire accepter par les enfants de Vincent, notamment par le cadet Peter.
Peter a fait ses études à Londres et comme son père, il est devenu ingénieur. Mais alors qu'il était en mission en Iran, en 1978, il fut terrassé par une méningite tuberculeuse. Après avoir été soigné en Belgique et en Suisse, Vincent décida que son fils devait être soigné en Inde, la patrie de son fils. Commença alors pour Han Suyin et Vincent, une relation à distance intense. Vincent resta de nombreux mois auprès de son fils, alité, et Han Suyin continua à aller en Chine ou à rester en Suisse à écrire des livres.
"S'il ne reste que l'amour" est une autobiographie écrite par Han Suyin où elle nous relate un épisode de sa vie qui a été difficile, notamment à cause de la maladie de Peter. Han Suyin est une auteure qui a écrit beaucoup dans sa carrière et ce récit est particulièrement intéressant car l'Inde est très présente. Durant sa vie, Han Suyin a beaucoup déménagé mais surtout voyagé, elle s'est rendue de nombreuses fois en Chine et en Inde, la patrie de son époux, depuis l'Europe. Lorsqu'on connaît les grandes lignes de l'histoire de l'Inde, voyager en Inde dans les années 1960 en étant d'origine chinoise ne devait pas être chose aisée. On se souvient de sa Sainteté le Dalaï Lama qui a fuit le Tibet contre l'invasion chinoise en 1959 ou encore les conflits aux frontières entre la Chine et l'Inde en 1962. Han Suyin avait des opinions sur le sujet très tranchées et c'est pourquoi, elle et Vincent, sont venus habités en Suisse. Han Suyin est un sacré bout de femme car elle a connu des hauts dirigeants : présidents, haut-commissaires britannique et premiers ministres dont Nehru.
"S'il ne reste que l'amour" est un récit basé sur des réfléxions : vivre avec un enfant malade et adulte, la relation à distance, la différence de culture, le mariage mixte, le "remariage", l'importance de la famille en Inde, ...
Dans "S'il ne reste que l'amour" est un récit un peu daté, il a été écrit au milieu des années 1980, certains sujets restent très actuels.