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Moderne Maharajah, un mécène des années 1930 du 26 septembre 2019 au 12 janvier 2020 au Musée des Arts Décoratifs

Moderne Maharajah, un mécène des années 1930 

Du 26 septembre 2019 au 12 janvier 2020

au Musée des Arts Décoratifs

107-111 rue de Rivoli - 75001 PARIS

 

Descendant de la prestigieuse dynastie de Holkar (ancien empire marathe), Yeshwant Rao Holkar II (1908-1961) -  plus connu sous le nom de maharajah d’Indore (Indore se situe dans l’État du Madhya Pradesh dans le Centre de l'Inde) - est envoyé très jeune faire ses études en Angleterre, tout comme sa très jeune épouse la Maharani "Shrimant Akhand Sahib Soubhagyavati Sanyogita Bai Holkar" dit "Sanyogita Devi". Rao Holkar II est élève à Oxford et a comme précepteur francophone, le Dr Marcel E. Hardy, ancien professeur d'université et homme d'affaires chevronné. Le Dr Marcel E. Hardy ne fait pas que veiller sur le futur maharadjah, c'est le premier à aiguiser sa curiosité en l’introduisant dans le milieu culturel européen. Il le présentera à ceux qui vont l'aiguiller dans le monde de l'art et parmi eux, son gendre Eckart Muthesius, fils du grand architecte allemand Herrmann Muthesius, proche de l'avant-garde. Rao Holkar II se liera très rapidement d'amitié avec Eckart Muthesius et iront même parcourir Berlin à la recherche des bâtiments les plus innovateurs. Le futur maharadjah fera également la connaissance de Henri-Pierre Roché, conseiller artistique et écrivain et qui deviendra le conseiller artistique du Maharadjah. En 1926, un scandale oblige le père de Rao Holkar II, Tukojirao Holkar III, à abdiquer en sa faveur. Malgré cette nouvelle position, Rao Holkar II et Sanyogita Devi continuent à voyager régulièrement en France, en Allemagne et en Angleterre où ils fréquentent ateliers d’artistes, salons et expositions, et développent un goût prononcé pour l’avant-garde artistique européenne.

 

 

En 1929, à l'âge de 21 ans et peu de temps après sa rencontre avec l’éminent couturier et collectionneur Jacques Doucet et la visite de son studio et collection, Rao Holkar II décide d’ériger un palais dans son Inde natale, où se mêleraient luxe, confort et modernité. Il deviendra alors le commanditaire de la première construction moderniste d'Inde, bien avant la célèbre cité de Chandigarh. C'est tout naturellement à son ami Eckart Muthesius qui se destine à l'architecture mais n'a jamais rien construit, que le maharajah confie la réalisation de ce projet : transformer les fondations d’un bâtiment préexistant pour en faire une nouvelle résidence privée pour la maharani Sanyogita Devi et lui-même. Le Palais sera nommé "Manik Bagh", le "Jardin des Rubis", sa construction débute en 1930 et sera finalisé en 1933. Cette résidence privée est dédiée à la vie quotidienne du souverain et de son épouse. Les cérémonies officielles ont lieu dans les palais familiaux plus anciens, comme le Rajwada et le Lal Bagh, situés à proximité.

Agencé selon leurs besoins quotidiens, "Manik Bagh" est pourvu d’un décor et d’un mobilier glorifiant les matériaux novateurs pour l’époque, tels le métal, le cuir synthétique ou encore le verre, avec une prédominance accordée à la couleur se déclinant dans chacun des espaces à vivre. Afin d’aménager ces intérieurs, près de vingt créateurs - parmi lesquels Jacques-Émile Ruhlmann, Djo Bourgeois ou Sognot et Alix qui réalisent des pièces devenues iconiques de cette période tels le fauteuil transat d’Eileen Gray, ou les tapis d’Ivan Da Silva Brunhs posés sur les sols comme de vastes toiles abstraites - soigneusement sélectionnés sont sollicités, dont les réalisations sont devenues aujourd’hui des œuvres iconiques de cette période.

Eckart Muthesius, Exterior of the Manik Bagh Palace. Artwork © 2019 Artists Rights Society (ARS), New York/VG Bild Kunst, Bonn

Le Maharajah et son épouse participent lui même à la conception de certaines pièces comme des luminaires. Ils multiplient leurs séjours à Paris pour continuer à se former à tout ce qu’il y a de plus avant-gardiste. Il en profiteront pour passer commande de mobilier mais aussi de services de table, de joyaux tandis que de nouvelles réalisations – train aménagé, avion, caravane sont confiées à l’architecte Eckart Muthesius. Ils profiteront pour se faire photographier par l'américain Man Ray, photographe expérimentateur et futur réalisateur de cinéma par qui a déjà portraiture Rao Holkar en 1927. Man Ray est un proche des groupes daïstes et surréalistes, Man Ray est initalement un peintre mais avant tout un artiste pluridisciplaire. Au cours des années 1920, alors qu'il est progressivement reconnu par ses portraits photragraphiques dans les milieux mondains, Man Ray accueille une clientèle prestigieuse dans son studion parisien. Jusqu'en 1930, que ça soit à Paris ou dans le Sud de la France, Man Ray photographie à plusieurs reprises le couple royal. Les clichés sont très intimes, le Maradjah et la Maharani ont des poses inhabituelles pour l’époque et pour des personnes de leur rang.

En 1937, de retour du couronnement du roi anglais Georges VI, la  Maharani Sanyogita Devi tombe malade et meurt à l'âge de 23 ans en Suisse.

 

C’est cette incroyable histoire que le Musée des Arts Décoratifs de Paris nous raconte du 26 septembre 2019 au 12 janvier 2020, au gré de sa grande exposition temporaire : Moderne Maharajah, un mécène des années 1930. Présentée dans la nef et dans ses galeries latérales, elle est le témoignage grandiose et inédit d’une page méconnue des échanges entre l’Europe et l’Inde mais surtout elle nous fait découvrir ce couple royal moderniste et leurs projets ambitieux.

Une partie du mobilier étant ayant été vendu en 1980, cette exposition est le fruit d'un grand travail de recherches du MAD pendant plusieurs années. Les commissaires Raphaèle Billé et Louise Curtis ont beaucoup œuvré pour réunir des pièces venant du monde entier, environ 300, comme le Transat d’Eileen Gray, le jeu d'échecs qu'avait réalisé Man Ray, ou obtenir des prêts prestigieux comme ceux du cheikh Hamad Bin Abdullah Al Thani. Dans les premières salles, le visiteur est invité à découvrir ce couple royal moderniste. L'exposition fait découvrir à son visiteur la façon dont le couple a procédé pour mener à bien ce projet ambitieux mais également le rôle de toutes les figures qui l’ont rendu possible. Elles mettent en exergue les prémices de cette construction moderniste et sur les différentes commandes passées à l’architecte durant sa collaboration avec le maharajah. On trouve ainsi les plans, les maquettes et les lettres de correspondance qui ont amené à la création de ce palais. L'exposition présente aussi de nombreuses photographies de l'époque. Dans l’espace central de la Nef, des projections de films inédits réalisés par Eckart Muthesius animent l’exposition en révélant notamment le maharajah et son épouse dans leur palais, mais aussi lors de cérémonies traditionnelles à Indore. Des photographies sur l'Inde, réaliées par Muthesius sont également présentées. Dans la galerie latérale, côté jardin des Tuileries, le MAD a recréé grâce aux archives, les aménagements intérieurs de la demeure : le cabinet de travail, les chambres à coucher du maharajah et de la maharani et la bibliothèque, permettant ainsi au visiteur de se représenter l'intérieur du Manik Bagh, un palais qui est aujourd'hui le siège des douanes de l’Inde centrale. L’exposition évoque également l’intérêt marqué du maharajah pour les arts des grands joailliers et l'art de la table.

Copyright @atasiblog

L’exposition est une invitation à découvrir cet univers novateur, synonyme d’un moment marquant dans l’histoire des arts décoratifs. Que vous ayez la curiosité de découvrir ce couple royal résolument moderniste ou que soyez intéressés par les pièces présentées de cette exposition, "Moderne Maharajah, un mécène des années 1930" est une exposition qui ne pourra que vous combler.

Copyright : @atasiblog

 

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