12 Novembre 2019
Le voyage sera long, il faut s'en aller. Les raisons de partir ailleurs se justifient par ce périple. Guimet a besoin de connaître le monde et comprend que sa vocation l'appelle vers les lieux évoqués dans ses lectures, ses études. Il y a tant de civilisations à découvrir, de sacré à déceler dans le profane. C'est peut être cela le but et l'amour de la vie. Il ne prend pas seulement congé de ses proches, de ceux qu'il aime et qui ne sont plus là, il prend aussi congé de lui-mème. Si la philosophie est, par définition, la recherche d'un itinéraire intelectuel et spirituel qui peut donner un sens aux accidents de la vie, Guimet devient un philosophe, un sage.
Les aventures d'Émile Guimet, un industriel voyageur
De Hervé Beaumont
Éditions Arthaud - Date de parution : 13 novembre 2014 - ISBN : 978-2081285064 - 356 pages - Prix éditeur : 25 €
Le musée national des Arts asiatiques - Guimet est un musée parisien qui se situe à la place Iéna, à quelques mètres du célèbre Trocadéro.
Le musée a été constitué à l'initiative d’Émile Guimet. Mais qui est cet homme dont l'on trouve le portrait dans un coin de la bibliothèque du musée ? A l'occasion des 130 ans de l'inauguration du musée, il est intéressant de s'intéresser à cet homme hors du commun. La biographie écrite par Hervé Beaumont est l'ouvrage idéal pour découvrir qui a été Émile Guimet et quel a été son parcours.
Émile Guimet est un industriel notable de la région lyonnaise, son père Jean-Baptiste Guimet est l'inventeur du bleu outremer artificiel (le "bleu Guimet"). Au décès prématuré de ce dernier, Émile Guimet hérite de l'affaire familiale. Mais Émile Guimet, passionné dès son plus jeune âge à l'art, la musique et l'égyptologie, aspirait à un autre avenir. Il prendra la direction de l'entreprise fondée par son père mais sera également collecteur d’œuvres d'art, compositeur, littérateur de voyage, philosophe des religions, historien d'art, compositeur, chef orphéoniste, chef de musées, ... et voyageur.
Durant sa vie, Émile Guimet a beaucoup voyagé. Le premier, hors d'Europe, est bien évidement l’Égypte en 1865, un pays qui le passionne depuis son enfance. Sa visite du musée de Boulaq, le premier musée des antiquités égyptiennes fondé par Auguste Mariette et qui se situait au bord du Nil, lui donnera le goût de la collection et l'idée d'ouvrir un musée. Après l’Égypte, Émile Guimet décide d'entreprendre un plus long voyage. En mai 1876, il prend le vapeur "France" qui va le conduire dans un premier temps en Amérique. A Philadelphie où se tient cette année-là l'Exposition Universelle, il retrouve Félix Régamey, peinte et caricaturiste qui l'accompagnera dans la suite de son périple. Tous deux traverseront l'Amérique jusqu'à San Francisco où ils prendront un vapeur direction le Japon, un pays qui fascinent les deux hommes et qui est ouvert que depuis une vingtaine d'années aux occidentaux. Ils y passeront quelques semaines avant de rejoindre Shanghai, Canton, Hong Kong, Macao, l'île de Ceylan et pour finir l'Inde. Ce tour du monde n'est pas un voyage d'agrément mais une mission officielle accréditée par le ministère de l'Instruction Publique, des Cultes et des Beaux-Arts de Paris, chargeant Émile Guimet de rapporter une étude sur les religions du Japon, de la Chine et les Indes. Voyager dans la seconde moitié du XIXème siècle n'est pas une mince à faire comme nous le fait découvrir Hervé Beaumont dans cette biographie. En la lisant, on peut prendre conscience de la situation politique à travers le monde à cette époque ; la mode de l'orientalisme, de l'exotisme et des japoneries accentuées par les Expositions Universelles ; les modes de transport et l'ouverture du Canal de Suez ; ...
"Les aventures d’Émile Guimet, un industriel voyageur" est très intéressante biographie qui nous fait découvrir un homme révolutionnaire pour son époque, qui a laissé son empreinte à travers les âges à travers son musée et grâce auquel des vocations sont nées, à l'exemple d'Alexandra David-Néel.
Le périple n'est plus un "appareillage", mais un état d'esprit. Passionné de voyages, Guimet n'est ni explorateur ni découvreur de vieilles pierres, et encore moins tenté par des "visions impérissables". C'est un chercheur d'ailleurs, un curieux insatiable. Les Chinois ne s'y trompent pas lorsqu'ils affirment que le premier bonheur d'une pérégrination doit être de satisfaire la première passion de l'esprit : la curiosité !