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La Maison Golden de Salman Rushdie

Qu'est ce qu'une bonne vie ? Quel en est le contraire ? Voila des questions auxquelles il n'est pas deux hommes qui apporteront la même réponse. En ces temps de lâcheté qui sont les nôtres, nous refusons d'accepter la grandeur de l'Universel pour soutenir et glorifier nos sectarismes locaux, aussi est-il peu de choses sur lesquelles nous puissions nous mettre d'accord. En ces temps dégénérés qui sont les nôtres, des individus qui ne poursuivent que la vanité et le profit personnel - des individus creux et grandiloquents pour qui il n'existe rien d'interdit si cela peut faire avancer leur cause mesquine - vont se présenter comme de grands leaders et des bienfaiteurs agissant pour le bien commun et accusant tous ceux qui s'opposeront à eux de mensonge, de jalousie, de mesquinerie, de stupidité, de rigidité, et au prix de l'exact renversement de la vérité, de malhonnêteté et de corruption.

Page 15

La Maison Golden

De Salman Rushdie

Titre original : The Golden House

Traduit de l'anglais par Gérard Meudal

Éditions Actes Sud - Collection "Lettres anglo-américaines" - Date de parution : 29 août 2018 - ISBN : 978-2330108915 - 416 pages - Prix éditeur : 23 €

C'est par une froide journée de janvier 2009, le jour de l'investiture d'un nouveau président, que Néron Julius Golden, un septuagénaire, un roi sans couronne en provenance d'un pays lointain, arriva à New-York avec ses trois fils : Petronius dit Petya Golden, Lucius Apuleius Golden alias Apu et Dionysos Golden dit D. Tous quatre, s'installèrent dans l'ancienne résidence Murray qui allait être connue par la suite sous le nom de la maison Golden et que Néron Golden avait acquis au début des années 1980. La résidence Murray est le bâtiment le plus majestueux de tous ceux qui donnent sur le Jardin, un espace enchanté et paisible sur Macdougal à Greenwich Village.

René Unterlinden est un jeune homme qui a presque le même âge que le benjamin des Golden. Fils unique, il a grandit dans une maison diamétralement opposée à la Maison Golden. Ses parents, d'origine belges, sont tous deux professeurs d'université. Passionné par le cinéma, il rêve de devenir réalisateur mais jusqu'à présent, il avait été à la recherche d'un sujet qui allait lancer sa carrière. L'arrivée des Golden est, pour lui, du pain béni et il a décrété qu'ils étaient son histoire et à personne d'autre.

René fréquentera les Golden en commençant par les fils. Il comprendra que cette famille a de nombreux squelettes dans le placard et qu'ils sont peu bavards de leur passé. Mais au fur et à mesure, René découvrira quelques bribes de leur passé, loin de tout ce qu'il aurait pu s'imaginer. Avec l'arrivée des Golden, de nombreux évènements ébranleront le calme du Jardin et la vie morne de René.

"La Maison Golden" est sans doute le roman qui vous réconciliera avec Salman Rushdie.

"La Maison Golden" est un roman qui transporte son lecteur dans un quartier huppé de New-York à la rencontre d'une famille originaire de Mumbai, les Golden. Les Golden, avec leur installation à New-York, ont effacé leur passé, y compris leur identité. D'ailleurs personne n'est censé savoir d'où ils sont originaires, ni la vie qu'ils eurent là-bas. Le mystère ne sera dévoilé qu'au fur et à mesure du roman et Salman Rushdie est loin d'avoir brodé son roman dans de la dentelle. "La Maison Golden" est une tragédie grecque qui débute le jour de l'investiture d'Obama et qui s'achève avec l'élection du Joker. Le narrateur est René Unterlinden, un jeune homme d'une vingtaine d'années, qui au début du roman est assez naïf presque innocent, et qui désire se lancer dans une carrière cinématographique. Dès l'installation de ses nouveaux voisins, il s'intéressera immédiatement à leur histoire et deviendra même un intime de cette famille spéciale. Il fera la connaissance de Petronius, l'aîné qui est autiste, agoraphobe et se révélera être un génie de l'informatique. René sera plus proche de Lucius Apuleius, le cadet, connu sous le surnom de "Apu" qui est un grand artiste contemporain et sans doute le plus "normal" de la fratrie. Il croisera le benjamin, Dionysos dit "D", la pièce rapportée, le beau-frère des deux autres qui, malgré sa relation avec une femme, prendra conscience qu'il ne sait pas si il est plutôt "il" ou "elle". Le patriarche Néron est plus mystérieux et plus renfermé, un homme assez froid et autoritaire. Pourtant à la mort de ses parents, René découvrira un homme tout à l'opposé de l'image qu'il donne. La routine de la famille Golden sera perturbée avec l'arrivée de Vasilisa, une jeune femme russe à peine plus âgé que "D", et dont René dira qu'elle est possédée par Babayaga. Elle mettra le grappin sur le patriarche et finira par s'installer à la Maison Golden avec un anneau au doigt. René sera également une victime collatérale de cette femme manipulatrice. Outre ces personnages que l'on pourrait qualifier de principaux, "La Maison Golden" offre au lecteur tout un panel de personnages souvent déjantés, comme Salman Rushdie sait si bien apporter dans ses écrits. Le sens exact du terme "identité" y sera maintes fois soulevé. Outre une variété de personnages et de sujets, Salman Rushdie apporte à son roman, un nombre incalculable de références historiques, littéraires, cinématographiques notamment à travers son personnage de René, géopolitique, politique ... Il se réfère souvent à l'Antiquité, en commençant par les prénoms adoptés pour et par les Golden. J'ai beaucoup apprécié les passages où Salman Rushdie nous transporte à Mumbai. Grâce à ces passages, le lecteur réalisera que l'auteur, même s'il vit aujourd'hui loin de sa ville natale, y trouve encore largement son inspiration. "La Maison Golden" est un roman sur le thème de la destruction et au fil du roman, alors que l'on cherche à découvrir la raison pour laquelle cette famille avait quitté un pays et leur histoire pour trouver refuge ailleurs, on découvre que pour eux le pire est encore à venir.

"La Maison Golden" est un roman écrit avec brio par un érudit de la littérature à l'imagination débordante. A travers ces pages, il  nous confirme, une fois de plus, l'étendu de son savoir et de son talent.

 

Lors de la sortie de "La Maison Golden", j'étais réticente à lire ce nouveau roman de Salman Rushdie, son précédent roman avait été pour moi une lecture disons assez laborieuse. C'est lors de sa tournée française et notamment lors de son passage à Strasbourg, que j'ai découvert ce roman, son contenu et son histoire. En écoutant Salman Rushdie en parler, j'ai été conquise et j'avais décidé de le lire. Le résultat est à la hauteur de mes espérances. Entre sa tournée française et ce roman, je me suis réconciliée avec cet auteur. L'occasion de me faire découvrir un homme à l'opposé de ce que je m'étais imaginée.

 

Donne-moi une pièce en cuivre et je te raconterai une histoire en or.

Cri des conteurs de rues dans la Rome antique, cité par Pline

Épigraphe

Le passé, le passé qu'il avait laissé derrière lui sur la colline aux histoires. Cette colline qui avait été toujours été un lieu magique depuis que Lakshman, le frère de Rama, avait planté une flèche dans le sol faisant ainsi jaillir à leurs pieds le lointain Gange pour étancher leur soif. Un ruisseau souterrain sortit du sol et ils purent boire. Il y avait toujours de l'eau fraîche dans le Banganga Tank. Baan, la flèche en sanskrit, et Ganga, bien sûr, le fleuve-mère. Ils habitaient au milieu des histoires vivantes des dieux.
Et après les dieux, il y avait eu les Britanniques et en particulier l'Honorable Mountstuart Elphinstone, gouverneur de la ville de 1819 à 1827, qui construisit le premier bungalow sur la colline et dont tous les notables de la ville suivirent l'exemple. Néron se rappelait de la colline de son enfance, un endroit très boisé parsemé de demeures basses et élégantes dont on apercevait les toits de tuile rouge à travers le feuillage. Il se promena dans son souvenir à trales les Jardins suspendus et regarda ses fils jouer dans la Chaussure de la Vieille Dame dans le Kamala Nehru Park. La première tour fut construite sur la colline dans les années 1950 et les gens s'en moquèrent. Ils l'appelèrent la boîte d'allumettes parce qu'elle ressemblait à une boîte d'allumettes géante posée sur son côté étroit.

Page 348

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