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"Le ministère des sentiments blessés" de Altaf Tyrewala

Reviens à la maison, fils !
Il est temps que tu transpires dans une chaleur familière
Tout le monde a besoin de revoir les paysages de naguère
De réapprendre les sons oubliés
Laisse tomber tes casques audio blancs
Pour presser ton oreille contre le sol de la terre-mère

Page 50

Le ministère des sentiments blessés

De Altaf Tyrewala

Titre original : Ministry of Hurt Sentiments

Traduit de l'anglais (Inde) par Bee Formentelli

Éditions Actes Sud - Collection : Lettres indiennes - Date de parution : 7 novembre 2018 - ISBN : 978-2330114213 - 78 pages - Prix éditeur : 13,50 €

 

Avec ses vingt millions d'habitants, Bombay ou Mumbai est l'une des mégapoles les plus densément peuplées au monde. Altaf Tyrewala est né au milieu de cette ville aux proportions babyloniennes. Il y a grandi avant de la quitter, comme de nombreux  mumbaikar avant et après lui, pour les États-Unis.

Que ce soit dans son premier roman "Aucun dieu en vue" ou dans cette chronique poétique "Le ministère des sentiments blessés", Altaf Tyrewala a une manière très personnelle de dépeindre sa ville natale. Même si la trame de fond de ses deux premières parutions est assez similaire, Altaf Tyrewala emploie dans "Le ministère des sentiments blessés" une écriture résolument épurée et somme toute très poétique. Chaque ligne de cette chronique poétique est tranchante comme une lame d'un couteau, sa cité de Bombay/Mumbai nous apparaît couleur rouge sang et noir néant. Dans "Le ministère des sentiments blessés", Altaf Tyrewala nous emmène d'un coin à l'autre de cette cité, à la rencontre de ses habitants, ceux des trottoirs, ceux vivant en haut des tours, ceux de l'entre-deux. Même s'il est à la fois conteur, il n'hésite pas à s'exprimer directement à eux ou même à son lecteur. Altaf Tyrewala utilise un langage familier voire même cru afin de marquer son lecteur, peut-être même le heurter. Son ton pourrait être qualifié de sarcastique pour démontrer l'absurdité dans laquelle baigne sa ville. "[...]Une ville, un pays, et sur une planète | Dont toutes les coutures craquent" "[...] constellé de morceaux de crasse et de plastique écrasé [...]" Des pages griffonnées teintées à l’animosité avec une bonne dose de colère et d'un refoulement enfin extirpé, exprimé, accouché.

"Le ministère des sentiments blessés" se veut être une lecture pertinente, marquante et vectrice d'un message. Il mérite que l'on s'y attarde, que l'on s'en approprie avec nos tripes et qui nous permet d'ouvrir les yeux. "Le ministère des sentiments blessés" est "je t'aime moi non plus" d'Altaf Tyrewala à sa ville natale.

Présentation de l'éditeur

Brutale, rapide, furieuse, portée par une énergie lyrique qui semble épouser celle-là même de Mumbai, tendue d’ironie, cette chronique en vers, inclassable et parfois irrésistiblement drôle, emporte le lecteur d’un moment à l’autre, d’un milieu à l’autre, d’un sujet à l’autre, tressant mille histoires.
Qu’il s’agisse de la circulation délirante à Mumbai, “carambolage monstre près de la côte”, des demi-gobelets de chai à quatre sous, des Intouchables, de la prostitution, des trains de banlieue à une heure de pointe ou de l’extrême difficulté à se loger, ces histoires qui prennent à bras le corps toutes les réalités d’une grande métropole, même les plus triviales, sont travaillées d’images saisissantes et contées sur un rythme obsédant, proche du slam. L’écriture à l’œuvre, soucieuse avant tout de ce qui est, associe prose et poésie et entend participer aux registres les plus opposés du réel.
Mais entre les fragments du sauvage désastre sourd une compassion qui, plus encore que révolte ou colère, ne peut qu’éveiller chez le lecteur le sentiment d’une urgence tant éthique que politique, vrai message de cette vision du terrible et mystérieux aujourd’hui.

 

Revue de presse

« Bien qu'habitant aux États-Unis (New York, puis Dallas), Tyrewala ne cesse de revenir, dans son écriture, à sa ville natale, y compris de manière surprenante : ici une « chronique poétique » qui coule comme un torrent impétueux provoqué par la mousson, et charrie avec lui une masse de boue, d'immondices, de personnages (de corps), dressant ainsi un état des lieux à la fois terrible, féroce et drolatique. Alors, s'adressant à un « tu » resté vivre sur place, et dont on ignore tout, Tyrewala se lance dans un grand jeu de massacre, qui n'épargne pas grand-chose, ni les dieux, ni les partis politiques renvoyés dos à dos, ni même le socle profond de l'Inde, menace par la globalisation. Le texte est truffé d'allusions, de jeux de mots, ce qui justifie amplement l'index de la fin.  »

 

Jean-Claude Perrier pour "Livres Hebdo"

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