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Le Foyer des mères heureuses de Amulya Malladi

Bien qu'elles jouissent de tout le confort matériel dont elles pouvaient rêver, aucune d'elles n'était vraiment heureuse ici, Asha s'en rendait bien compte. Leurs familles qui leur manquaient, l'humiliation de devoir mentir à tout le monde au sujet de leur grossesse, l'ambiguïté de porter un bébé avec lequel elles n'avaient aucun lien - non, vraiment, elles n'étaient pas heureuses dans ce Foyer des mères heureuses.

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Le Foyer des mères heureuses d'Amulya Malladi

Titre original : A House for Happy Mothers

Traduit de l'anglais (Inde) par Josette Chicheportiche

Éditions Mercure de France -  Collection Bibliothèque Étrangère

Date de parution : 15 février 2018 - ISBN : 978-2-7152-4574-7 - 368 pages - Prix éditeur : 24,50 €

 

 

L'histoire

Après plusieurs fausses couches et des tentatives de fécondation in vitro, Priya, américaine par son père et indienne par sa mère, a décidé de se tourner vers la gestion pour autrui. Après les nombreuses épreuves passées et qui ont mis à mal son couple, Madhu, le mari à Priya, s'était résigné à ne pas avoir d'enfant même s'il avait songé un temps à l'adoption. Mais Priya sait être insistante quand elle a quelque chose en tête et Madhu a finalement accepté qu'une autre femme porte leur enfant. Ils se sont tournés vers la clinique de fertilité du docteur Swati qui se situe à Srirampuram à deux heures d'Hyderabad d'où ils sont originaires. Pour porter leur enfant, ils ont choisi une jeune femme de vingt-cinq ans, Asha.

Asha a été choisie par un couple d'indiens vivant aux États-Unis pour devenir leur mère porteuse. Mère de deux enfants, la grossesse, elle connaît. Mais vivre une grossesse pour donner naissance à un bébé appartenant à des tierces personnes, c'est une première pour elle. Sa belle-sœur a déjà été mère porteuse et grâce à l'argent gagné, elle vit dorénavant avec son mari et ses deux garçons dans un confortable appartement et non plus dans une hutte du village. C'est pourquoi, Madhu, le mari à Asha, voulut que son épouse devienne mère porteuse à son tour. Asha a accepté à contrecœur car elle espère convaincre son mari que cet argent sera destiné prioritairement à l'éducation de leur fils Manoj, un garçon très précoce et extrêmement intelligent. Asha appréhende ces neufs mois de grossesse et a très peur de s'attacher à cet être qui grandit dans son ventre.

 

 

La critique

"Le Foyer des mères heureuses" est, vous l'aurez compris, un roman qui tourne autour de la gestation pour autrui. La gestion pour autrui ou GPA est une pratique autorisée en Inde depuis 2002 et depuis le pays s’est littéralement transformée en "capitale mondiale de la GPA" se voyant même attribuer le surnom de "Mecque du tourisme procréatif" notamment parce que les tarifs pratiqués en Inde sont cinq fois moins élevés que ceux pratiqués aux États-Unis. Mais les règles évoluent dans le domaine et deviennent de plus en plus strictes.

Dans "Le Foyer des mères heureuses", Amulya Malladi utilise ses personnages pour rassembler les idées et les questions soulevées par le processus de la maternité de substitution. Le roman est essentiellement narratif. Les protagonistes sont Priya la mère d'intention vivant aux États-Unis et Asha la mère porteuse originaire d'un petit village indien. Tour à tour, nous découvrons ce que vit chacune des deux femmes durant ces neufs mois de gestation. Nous y découvrons deux femmes dont tout oppose mais qui se retrouvent unies à travers l'enfant de Priya qui grandit dans le corps d'Asha. Contrairement à d'autres cas, où les parents d'intention ne rentrent pas en contact avec la mère porteuse, dans ce roman Priya et son mari Madhu prendront régulièrement contact avec Asha. Lorsqu'Asha vivra au "Foyer des mères heureuses", la pension où les mères porteuses vivent leurs derniers mois de grossesse à moins qu'elles ont un problème de santé et s'y installent avant, le lecteur découvrira différents cas de relations entre parents d'intention et mère porteuse. Il y trouvera un large nombre d'exemples de mères porteuses, certaines ayant été par le passé déjà mère porteuse ou d'autres comme Asha vivent pour la première fois cette expérience. Le lecteur y découvrira leurs origines et leurs objectifs qui malheureusement ressemblent plutôt à des chimères. Sans en dire plus, Asha sera chanceuse au milieu de ces femmes. Outre le sujet de gestation pour autrui, Amulya Malladi aborde différents sujets autour de la famille : les liens familiaux, la notion de famille, le besoin d'être parent, les difficultés pour y parvenir et celui d'être parent. 

"Le Foyer des mères heureuses" c'est, comme je vous ai écris plus haut, le foyer où vivent les mères porteuses. Le titre est assez ironique lorsqu'on découvre à quoi ressemble réellement ce lieu. Certes il ne doit pas être le foyer le plus misérable de l'Inde mais l'on comprendra très vite qu'il est loin de ressembler aux cliniques high-tech où sont accueillis les couples faisant voulant avoir recours à une mère porteuse. Le foyer est loin de ressembler à ce qui est écrit sur les différents encarts publicitaires ou  vanter par les directeurs de ces établissements.

Dans "Le Foyer des mères heureuses", le lecteur appréciera l'écriture - tout en avec finesse, simplicité et sans fioriture - d'Amulya Malladi. Elle y aborde des sujets qui restent souvent tabous mais dont il est pourtant est intéressant qu'une personne nous apporte son contenu, même fictif, afin de nous démontrer les différentes facettes de cette pratique et les motivations de chacune des parties. Amulya Malladi sait nous parler de la gestion d'autrui tout en restant le plus neutre possible afin que le lecteur puisse se faire sa propre opinion sur le sujet.   Amulya Malladi n'en rajoute pas des tonnes à son récit et apporte ainsi à ses lecteurs une lecture agréable et intéressante, prouvant ainsi, une nouvelle fois, ses qualités d'auteure. Les personnages sont attachants et il est assez appréciable de les découvrir toujours plus au fil des pages. C'est un roman très addictif et le plus dur est de le fermer.

 

* source https://babygest.com/inde/

Keertana retira son bras et s'adossa au mur. "Bien sûr qu'on ne se soucie pas de toi. Personne ne se soucie de nous. Même mon propre mari ne se soucie pas de moi. Quant à mes enfants, tout ce qui les intéresse, c'est ce que je peux leur acheter. Tout le monde s'en fiche, Asha. C'est pour cette raison que nous devons prendre soin de nous. Une femme n'est rien dans ce pays. Alors une femme pauvre, une femme comme toi ou moi ... elle est moins que rien. Un chien dans un bidonville a plus de droits.

Page 215

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K
Merci veronique ! C’est un des meilleurs romans que j’ai lu cette année . As tu lu les autres de la même auteure ?
Répondre
V
De rien Kamala. N'hésite pas à lire "Une bouffée d'air pur" de la même auteure (également publié chez Mercure de France). C'est l'histoire d'une femme qui avait été à la gare de Bhopal le soir où avait eu lieu l'exposition de l'usine de gaz d'Union Carbide et que l'on retrouve quinze ans après.<br /> <br /> http://atasi.over-blog.com/2016/12/une-bouffee-d-air-pur-d-amulya-malladi.html