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Le chant de la cité sans tristesse par Anosh Irani

Il voit des gens en train de fêter Holi. Tout le monde dans la rue, et dans au rythme des dhols, on jette de la poudre colorée en l'air, on saute dans ces couleurs et on devient l'une d'elles, pour un jour ou une semaine. Les gens ont enfin compris la vraie nature de Holi : si leurs visages sont plongées dans du vert, Bombay se fait luxuriante dans les jours qui suivent, et tous - hommes, femmes, enfants - surmontent leurs problèmes avec aisance. Si leurs poitrines sont enduites de rouge, cela signifie qu'ils vont tomber amoureux, et se marier. Toutes les couleurs imaginables s'avancent en amies vers le peuple de Bombay, et les gens deviennent toutes ces couleurs.

Page 16

Le chant de la cité sans tristesse

par Anosh Irani

Titre original : The Song of Kahunsha

Roman traduit de l’anglais (Inde) par Florence Combani

Éditions Philippe Rey

Broché - Date de parution : 1er mars 2007 - ISBN : 978-2848760858 - 237 pages - uniquement en occasion

Poche - Date de parution : 4 janvier 2018 - ISBN : 978-2848766485 - 240 pages - Prix éditeur : 9 €

 

Chamdi, dix ans, a grandi dans un orphelinat de Bombay où il a bénéficié des bons soins de Mrs Sadiq la directrice. Chamdi est un enfant avec une grande imagination, ainsi il a toujours imaginé qu'au-delà des murs de l'orphelinat, Bombay est merveilleuse, il lui a même inventé un nom : Kahunsha, la ville sans tristesse.

Pourtant une mauvaise nouvelle ébranle l'orphelinat. Dans un mois, il devra être détruit afin de laisser la place à un grand immeuble. Chamdi s'enfuit alors en espérant trouver son père.  Mais au-delà des murs de l'orphelinat, Bombay est loin d'être si belle et si magique. Bombay est  tentaculaire et ne fait pas de cadeaux à ceux qui s'y échouent. Chamdi devient un enfant des rues alors que la ville subit de vives tensions communautaires qui finiront en émeute.

 

 

 

"Le chant de la cité sans tristesse" avait été le premier roman d'Anosh Irani publié en français. Un titre poétique avec une réalité qui est loin de l'être. Ce roman nous transporte au début des années 1990 à Bombay, la ville d'enfance de son auteur. Le personnage principal, un garçon de 10 ans, a "la chance" de vivre dans un orphelinat où tout se passe - miraculeusement - bien. Mais Chamdi est un garçon curieux à l'imagination débordante. Deux chocs, la destruction prochaine de l'orphelinat et la vérité sur son abandon, font que Chamdi franchit la ligne rouge, les murs de l'orphelinat pour s'aventurer dans Bombay. Chamdi qui n'est jamais allé au-delà de la cour de l'orphelinat, se retrouve dans une ville bien loin de ce qu'il s'était imaginé. Le bruit, la saleté, la violence, la misère, la démence, les gangs, les règlements de compte et les tensions communautaires ne sont que quelques exemples de la réalité à laquelle Chamdi sera confronté. L'innocence de l'enfance disparaîtra très rapidement sous la poussière des rues de Bombay et la faim le tiraillera jusqu'au fond de ses entrailles. Le lecteur se trouve confronter à la déchéance de ce petit garçon sans pouvoir intervenir et l'aider. Il aperçoit les prémices de ce qui deviendra une émeute sanglante et historique et ébranlera Bombay de décembre 1992 à janvier 1993, et au cours desquelles 900 personnes ont trouvé la mort. Mais derrière ce roman sombre, le lecteur y trouvera de la douceur à travers la naissance d'une très belle et longue amitié.

"Le chant de la cité sans tristesse" est un roman poignant sur un enfant qui débute sa vie dans la rue alors que parallèlement la tension à Bombay commence à devenir palpable. Même si l'histoire est très touchante, l'on peut regretter que cette histoire reste au final trop romancée à rapport à la réalité. Il suffit de le comparer à d'autres romans ou récits traitant sur du même sujet pour s'en rendre compte ou d'apercevoir ces enfants des rues. Pourtant, il reste un roman très intéressant à lire notamment pour le personnage de Chamdi.

 

La destruction de la mosquée d'Ayodhya et les violences au Gujarat en 2002

Le 6 décembre 1992, à Ayodhya une foule incalculable d'indiens, généralement hindous, encadrés par des mouvements nationalistes comme le parti du RSS (Rashtriya Swayamsevak Sangh que l'on peut traduire comme "Organisation Volontaire Nationale") et le VHP détruise en quelques heures la mosquée de la ville. La Mosquée de Babri avait été construite au XVIème siècle par l'empereur moghol Bâbur. Cette dernière, d'après les dires de groupes nationalistes indiens, aurait été construire sur les ruines d'un temple hindou, lui-même édifié là où le dieu Rama est né. Après avoir la destruction de la mosquée, des émeutes intercommunautaires ébranlent l'Inde, hindous et musulmans s'affrontèrent notamment à Bombay, à Surat, à Ahmedabad ou encore à Delhi. Le 27 février 2002, soit dix ans après, l'incendie d'un train à Godhra au Gujarat fera 59 morts - notamment des femmes et des enfants - des pèlerins hindous qui revenaient d'Ayodhya. Une rumeur - qui sera par la suite contestée - déclara que l'incendie a été commis par des extrémistes musulmans. Il ne suffit pas plus pour créer des tensions intercommunautaires à travers toute l'Inde qui conduira à de nouveaux massacres qui durèrent près de trois mois.  Les groupes nationalistes indiens sont accusés d'avoir eu un rôle de planification de ces violences.

 

 

 

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