9 Novembre 2015
Après avoir traversé le chaos de la ville de Siliguri, les plats paysages de champs de riz, de buffles et de palmiers se transforma vite en infinies rangées de grands arbres à thé. Une heure plus tard, l'ascension débuta et l'on put jouir d'une vue magnifique sur les voies et torrents qui sillonnaient ces vallées sublimes.
Dans la brume du Darjeeling
De Mikael Bergstrand
Titre original : Dimma över Darjeeling
Roman traduit du suédois par Emmanuel Curtil
En format broché : Éditions Gaia - Date de parution : 13 mai 2015 - ISBN : 978-2-84720-611-1 - 447 pages - Prix éditeur : 24 €
En format poche : Éditions Actes Sud - Collection Babel - Date de parution : juin 2017 - ISBN : 978-2-330-07881-2 - 480 pages - Prix éditeur : 9,80 €
Göran Borg, quinquagénaire et divorcé, n'a plus le moral malgré son nouveau travail. Cela neuf mois qu'il est rentré d'Inde où il a vécu quasiment une année à Delhi et il a la nostalgie de ce pays. Pour pallier à cette déprime, sur les conseils de sa fille, il est suivi par une thérapeute cognitive comportementale mais rien n'y fait, il a le blues. Il aurait dû y retourner pour le mariage de son ami Yogi en ce mois de septembre mais cet évènement a été repoussé pour une durée indéterminée.
Sur les conseils de sa thérapeute, il décide d'arrêter de s'isoler et de revoir ses amis pour se sociabiliser et penser à autre chose que l'Inde. Lors d'une soirée, il y fait la connaissance de Sven, qui a les mêmes goûts pour le foot que lui mais après plusieurs rendez-vous, Göran a peur de l'orientation sexuelle de son nouvel ami. Il décide alors de fuir et de se rendre en Inde.
Yogi est ravi de revoir son grand ami Göran mais le moment est mal choisi. Il doit régler des affaires afin que le mariage avec sa douce Lakshmi, qui n'est autre que la fille de son fournisseur tamoul, puisse enfin avoir lieu. En effet, son futur beau-père a des problèmes financiers suite à de nombreuses catastrophes qui ont touché son commerce. Pour renflouer les caisses et financer le mariage de Lakshmi, il a décidé d'acheter une plantation au Darjeeling via Yogi. Göran n'aura pas d'autres choix que d'épauler son ami pour mener à bien cette transaction qui doit avoir lieu avec un anglais. Mais ce que Yogi et Göran ignorent, c'est qu'ils sont entrain d'actionner un engrenage infernal.
est un livre qui rend très vite addictif son lecteur. Il est une véritable aventure qui nous emmène dans l’État du Darjeeling avec ses plantations de thé, ses lacets cahoteux, sa vue sur l'Himalaya, ses népalais, ses "momos" ("raviolis" originaire du Tibet) et sa brume. Ils nous offrent d'autres détours comme par exemple dans l’État du Sikkim, voisin du Darjeeling, et Delhi.
Une aventure rocambolesque qui réserve énormément de surprises au lecteur, souvent très inattendues, peut-être un brin excessif mais qui s’imbriquent parfaitement à l'histoire sans la surcharger. Les personnages sont très attachants. Yogi est considérablement un personnage-clé, volant inconsciemment et très souvent le devant de la scène au personnage principal de Göran. Comparé à "Les plus belles mains de Delhi" Yogi paraît plus vulnérable, l'on découvre ses faiblesses, ses limites mais on le découvre sous un nouveau jour, très amoureux. Il reste toujours un personnage pour lequel on ne peut qu'avoir de l'affectation même dans les moments qui le mettent dans une fâcheuse posture. Concernant Dans l'on découvre la profonde passion footballistique de Göran et son club fétiche de Mälmo, des chapitres pour cette passion lui sont d'ailleurs consacrés mais ils restent les chapitres les moins intéressantes de l'histoire, car au final ce que cherche le lecteur c'est de retrouver ce personnage en Inde.
"Dans la brume du Darjeeling" est également composé de nouveaux personnages, principalement origine du Sikkim qui nous apparaissent presque comme des rois de la débrouille. On apprécie le personnage de Gaga qui a toujours avec lui sa pince multifonction, un véritable couteau-suisse qui lui permet de réparer n'importe quoi. Lakshmi, quant à elle, apporte une très grande force de caractère et nous ramène des embruns de l'Inde du Sud dans ces paysages brumeux et froids du Darjeeling. En l'absence du personnage de la mère acariâtre de Yogi, elle prend le rôle de la femme dominatrice.
"Dans la brume du Darjeeling" est la suite de "Les plus belles mains de Delhi" mais pourtant ils sont tout deux différents sur de nombreux points. Certains futurs lecteurs peuvent se demander s'il est nécessaire de lire le premier avant le second. Personnellement, je conseillerais de lire "Les plus belles mains de Delhi" dans un premier temps pour la simple raison que c'est un très bon livre. De plus, l'on y découvre les personnages principaux de Göran et Yogi et la naissance de leur puissance amitié, l'accent sur la différence de cultures est plus proéminente et l'on a une très intéressante découverte de Delhi.
Pourtant, rien n'empêche de lire uniquement sans avoir lu le premier. Les références faites au passé et à ses personnages, l'auteur a discrètement rajouté des informations nécessaires à la bonne compréhension de tous, précisions pour les uns, rappel pour les autres.
"Dans la brume du Darjeeling" est une lecture divertissante alliant les bons ingrédients permettant d'en faire un bon roman d'aventure. L'auteur n'utilise pas seulement l'Inde des clichés mais l'on y découvre ses réels connaissances du pays acquise sans doute par sa profession de journaliste en Inde. On y trouve également une grande dose d'autodérision et ses nombreuses qualités d'écrivains. Après "Les plus belles mains de Delhi", il nous donne une nouvelle fois une irrésistible envie de voyager à travers ses paysages indiens et d'aller au plus près de ses habitants. Une seule hâte, redécouvrir une nouvelle aventure où l'on retrouve Göran et Yogi, peut-être cette fois-ci en Inde du Sud pour le mariage tant attendu de Yogi et de Lakshmi.
[...]
- Une mangue ?
- C'est ça ! Regarde les mangues pas mûres, quand on les cueille trop tôt. Elles sont dures et coriaces. Âpres et amères. Maintenant, pense aux mangues bien mûres, gorgées de bon jus et de bonnes vitamines. Leur goût fait danser toutes tes papilles comme les personnages d'un film de Bollywood ! Et bien, c'est exactement à cela que tu ressembles désormais, mister Gora. En tout point ! Légèrement piquant sur le bout de la langue, mais doté du plus doux des arrières-goûts. "
Et ainsi de suite jusqu'à ce pont de non-retour, cette question dont la réponse était cruciale : qu'allait-il advenir de Yogi ? Mon cher ami indien qui aurait été capable d'aller contre vents et marées pour moi. Et voilà que je le laisse tout seul perdu dans le Darjeeling, dans une plantation de thé en ruine, sans espoir, sans famille, sans amour et sans argent. Dans le dénuement le plus total. Privé de mon amitié et de ma loyauté.
L'idée était vertigineuse, mais elle m'était aussi agréable. Et plus le temps passait, là-haut dans la montagne, plus cette idée se transformait en projet. Le monde était plein de ces Occidentaux qui partaient en Inde dans le but de trouver leur propre sens à la vie. Parmi eux, ceux qui s'intéressaient à la spiritualité rendaient visite à un gourou dans un ashram pour se consacrer au yoga et à la méditation. D'autres poursuivaient leur idéal en travaillant au sein d'une œuvre de charité luttant contre la pauvreté ou autre bienfaisance du genre. Les vieux hippies se rendaient à Goa pour raviver leurs vieux souvenirs, out tout simplement passer leurs journées à fumer des joints. Quant aux hommes d'affaires, ils étaient toujours plus nombreux à découvrir que les richesses de ce pays plein de contrastes étaient multiples, comme le pouvait son taux de croissance le deuxième plus haut du monde.
Dans la brume du Darjeeling | Gaia
Göran, Suédois divorcé, 50 ans, fan du club de foot de Malmö, voit la dépression le guetter. Toujours pas de nouvel amour, un boulot ennuyeux, angoissé par l'idée même d'une vie sociale. Ma...
http://www.gaia-editions.com/content/dans-la-brume-du-darjeeling
Les plus belles mains de Delhi de Mikael Bergstrand - atasi.india.mania.over-blog.com
Tout ça me donna tellement d'espoir que je pris une décision, qui, à mon échelle, pouvait aisément être qualifiée de radicale : je décidai de rester en Inde ! Göran Borg, l'homme qui avait...
http://atasi.over-blog.com/2015/11/les-plus-belles-mains-de-delhi-de-mikael-bergstrand.html
Le lien de la chronique sur "Les plus belles mains de Delhi" sur le blog Atasi
Je tenais à adresser mes remerciements aux Editions Gaïa pour cette collaboration.