MOTS D'ORIGINE INDIENNE
Comme vous avez remarqué sur ce blog, je lis beaucoup de romans indiens écrits par des auteurs d'origine indienne. La particularité des romans indiens c'est qu'il y a énormément de mots intraduisibles, qui peuvent redouter pas mal de lecteurs français, malgré la présence d'un glossaire quasiment dans tous les livres.
J'ai constaté cette difficulté lorsque que j'ai voulu connaître pourquoi les lecteurs des deux derniers romans d'Amitav Ghosh (que j'ai lu et que je suis entrain de lire) a eut des notes négatives. La raison principale c'est l'absence d'un glossaire, voulu par l'écrivain Amitav Ghosh. Effectivement le livre comprend des mots pas toujours connu de la langue française mais sincèrement ayant lu d'autres livres avant, je trouve que les mots et les noms des personnages sont assez faciles, d'autant que l'auteur explique dans le livre même certaine définition. Je pense que les romans très médiatisés comme "Un océan de pavots" et "Un fleuve de fumée" devrait comporter une mention "attention livre n'ayant pas été traduit à 100 % en langue française", motif "mots intraduisibles en langue française". Pour prévenir le lecteur fragile.
Mais n'oublions pas, comme tous les langues, la langue française comportent beaucoup de noms d'origines diverses dont indienne. Ils ont intégrés la plupart du temps lors de la colonisation anglaise et nous sont parvenus par cette langue. Parfois, le portugais a également pu jouer un rôle de langue-vecteur. Et n'oublions pas que la France avait un comptoir aux Indes : Pondichéry.
Voici une liste non exhaustive des mots qui nous sont venus de l'Inde ou du Sri Lanka :
- anaconda, emprunté du cingalais, c'est un gros serpent qui se nourrit de serpents et d'oiseaux
- atoll, sa première forme était "atolon", puis "attôle", la forme anglaise s'impose au XIXème siècle du maldivien
- avatar du sanscrit "avatâra", Vishnu a des avatars
- barde, mot gaulois par le latin "bardus" de la même origine que l'hindoustanî "bardaî
- bétél, sa première forme "betre" par le portugais, de l'hindî : vettila
- bungalow, de l'anglais bungalow par le gujarâtî bangalo, de l'hindoustanî "bangla" pour villa ou appartenant à la région du Bengale
- cachemire (matière provenant de chèvres du Cachemire ou motifs)venant d'une langue originaire de la région du Cachemire "Kashmir"
- calicot, origine la ville de Calicut
- camphre, première forme "canfre" de l'arabe et "kâfûr" du sanscrit
- cari, du tamoul "kari", forme anglaise "curry"
- catamaran, du tamoul "katta" (lien) et "maram" (bois)
- coolie, première forme "culi", d'après la caste des Kulî, autochtone du port de Thana, origine de la ville de Mumbai
- châle, première forme "chalou" puis "scial" puis diverses dont le réemprunt de l'anglais shawi, de l'hindî "shaal" mot d'origne persane dont l'origine vient de Shaliaat, un nom de ville indienne
- chemise, du latin "camisia" et le "kamise" (une chemise en conton en hindî)
- chintz, (un tissu robuste de coton) de l'hindi "chînt" - "chheent" (tâche). Il a été introduit au 17ème siècle via "chints", pluriel "chint, dénotant un calicot teint ou peint importé d'Inde
- chutney de l'hindi "chatn" qui a été introduit en langue anglaise au 19 ème siècle
- gourou, de l'hindi "guru" signifiant un sage ou un enseignant sage. Aussi adopté aux Etats-Unis pour signifier un spécialiste ou un expert
- jungle, de l'hindi (origine sanskrit) "jangal" (qui signifie un terrain rude et aride)
- kaki de l'ourdou vie le persan "khaki"
- madras, nom de la ville appelée aujourd'hui "Chennai"
- pagode, première forme "paxode" par le portugais, "pagode" au sens de "idole", du tamoul "pagavadam, du sanscrit "bhagavati" (déesse). D'autres souces font venir le mot de "dâgoba", du sansrit "dhâtugarbha" décrivant un stûpa
- paria, du tamoul "parayan" au pluriel "paraiyar" (un joueur de tambour) par confusion avec le mot tamoul "pulliyar" (homme de la dernière caste)
- pandit, en anglais pundit, mot d'origine sanskrite "pandita"
- patchouli, du tamoul "patch" (vert) et "ilai" (feuille)
- punch = 5 (ingrédients)
- pyjama, première forme "pyjaamah" par l'anglais "pyjamas", de l'hindî "pâê-jama" (vêtement de jambes). Le mot désigne en Inde, un pantalon de coton porté par les hommes
- rickshaw, forme abrégée de jinrikisha, combinaison des mots "jin", homme, "riki" propulsion et "sha" voiture
- shampooing ou shampoing, de l'hindî "chaanpo" ou plutôt "Chaanpoo !" (masser, presser)
- sucre, par l'italien "zucchero", par l'arabe "sukkar", origine du sanskrit "sarkarâ" (a donné aussi le latin saccharum)
- tank, première forme "tanque", depuis le gujarâtî ou le marâthî (réservoir). Le mot est utilisé dans l’Inde entière pour désigner des retenues naturelles ou artificielles destinées à conserver l’eau de pluie, pour l’usage personnel ou collectif
- tapioca, mot identique dans plusieurs langues indiennes
- teck (anglais teak) d'origine tamoule/malayalam "tekku" un arbre natif de l'Inde et du Sud-Est Asiatique
- véranda d'origine hindi et portugaise "varanda"/"baraamda" (ballustrade)
- vétiver, du tamoul "vettiveru"
- et bien d'autres encore
De nombreux mots savants décrivant des pratiques et des notions religieuses indiennes ou venues d’Inde se retrouvent dans les langues d’Europe comme bouddha, nirvana, karma, yoga, bodhisattva, ...
D'autres mots qui sont restés en anglais ont également des origines indiennes :
- bangle (en français bracelet) vient du mot hindi "bangli" (bracelet en verre) et a été introduit au 18ème siècle
- cot (lit pour bébé-enfant) vient du mot d'origine hindi "khaat" (un lit à corde)
- chit (un reçu) vient du mot hindi "chiithi"
- cheroot (un petit cigare) vient du mot tamil "churuttu"
- blighty (surnom utilisé par les soldats des grandes guerres pour désigner les soldats étrangers) vient de l'ourdou "bilayati"/"wilayati" (étrangers). Ce mot a d'abord été utlisé par les soldats de l'armée indienne. Une modification anglo-indienne de l'ourdou bilāyatī, wilāyatī" qui signifie "étrangers européens" de l'arabe "wilāyat", "wilāya" domintation territoire
- loot (un butin ou piller) vient du mot hindi "loot" (voler)
- dungarees (salopette mais aussi bleu de travail) vient de l'hindi "dungri", un discrit de Mumbai (Bombay) dont on y trouve les origines de ce vêtement