10 Octobre 2013
L'Elephant et la Maruti, fictions de Delhi
De Radhika Jha traduit de l'anglais (Inde) par Simone Manceau
Titre original : The Elephant and the Maruti Stories
Editions Philippe Picquier
187 pages - Prix neuf origine : 17 € - Prix en occasion y compris frais de port : 3,99 €
Ce livre je l'ai lu quasiment en 24 heures. Ce livre est 3 fictions qui se déroulent à Delhi, les histoires sont bien écrites et se lisent très facilement. Radhika Jha a également écrit le livre "Des lanternes à leurs cornes attachées" auquel j'avais fait un précédent article.
Peut-être tout le monde ne connaît pas la définition de ce qu'est une "Maruti", alors avant de commencer à commenter ces 3 fictions, je vais vous donner des détails sur ce nom. En faite, la Maruti (dans ce livre on parle du modèle Maruti 800) est une voiture dite citadine fabriquée par Maruti Suzuki en Inde. On peut souvent la voir en Inde, même si on croise également les voitures de la grande marque Tata.
Revenons au livre, car ce n'est pas un livre qui parle de voitures mais surtout de la circulation en Inde, ici dans la ville de Delhi où chacun essaye d'avoir la priorité sur l'autre, un chaos où parfois on se demande si le code de la route existe. En Inde, il y a bien sûr les voitures, les cars, les camions, les motos et les scooters. Mais en plus, se rajoute les tuk-tuk, les rickshaw, les chars à buffle ou à dromadaire, les vaches sacrées qui sont plus respectées par la population de la route que pour son concitoyen de route et qui marchent où bon leur semble ou qui font même la sieste sur la route. On peut même rencontrer des éléphants marchant au bord de leur route avec leur mahout (surtout lorsqu'un mariage est prévu).
Alors imaginez-vous, tout ça sur une même route, dans une mégapole qui est aussi la capitale du pays, où chacun fait à peu près ce qu'il veut pour je ne sais quelle raison, avec en bruit de fond des klaxons et pour les pauvres n'ayant pas de quoi s'abriter dans un véhicule fermé une concentration de pollution.
"L'Eléphant et la Maruti" est la première des 3 fictions. Elle commence par une personnage Shweta qui est en retard à son travail alors qu'elle a une réunion importante, on la suit dans son trajet au coeur de Delhi où elle se fraye un chemin, on découvre un nouveau personnage qui est un policier qui a pris du service une semaine auparavent qui essaye comme il peut de contrôler la circulation d'autant que les feux se sont éteints et qui règne disons le un joyau chaos avec en prime un éléphant. Quand Shweta arrive enfin à son travail, on y retrouve un nouveau personnage Kishore gardien de parking et qui doit demander à chaque véhicule qui se gare 5 roupies pour le compte de son seth. Mais Shweta ne paya pas et quand Kishore lui les réclama à la sortie de son travail ce qu'elle n'avait pas payé en se stationnant, elle fut de mauvaise fois et attira la police qui s'en prit à Kishore. Kishore un tout jeune garçon de 17 ans, marié récemment et ayant ce poste depuis 1 mois avant de rêver à un autre métier. Mais Shweta ne lui portera que du malheur tout cela pour 5 malheureux roupies alors qu'elle est une femme riche.
Dans cette histoire, j'ai trouvé vraiment intéressant la dextérité dont fait preuve l'auteure de passer d'un personnage à l'autre.
La deuxième et qui est la fiction que j'ai sans doute préféré pour son côté très humain du nom de "L'Espoir". C'est l'histoire d'un journaliste qui est d'originaire du Bihar mais vivant à Delhi depuis 1 an et qui conduit sa collègue au travail avec "char flambant neuf" le matin et le soir. Cette fiction est à la première personne et l'on ne connaît pas le prénom de ce "je". Sa collègue s'appelle Sheila et est originaire de Delhi, elle peste toujours par ce qu'est devenu Delhi en 20 ans, sa pollution, ses mendiants, ses côtés de verdure perdus ... Ce "je" se sent comme un guerrier dans ce flot de voiture qui étouffe la ville quotidiennement. Il a aussi un côté très humain que j'ai beaucoup apprécié comme je l'ai dit au début du paragraphe. Il donne facilement aux mendiants particulièrement à un homme amputé d'une jambe, à qui quotidiennement il lui donnera quelques roupies, à connaître son nom Shibu Mondal et à en s'inquiéter à ne plus le voir mendier. Un jour, un éléctricien vient chez lui, réparer la climatisation, encore une fois notre "je" essaye d'avoir une discussion avec cet homme qui est du Bihar comme lui, et à connaître comment il a "atterrit" à Delhi. Il en fera de même lorsqu'un jour il devra interviewer le "roi du ciment" qui habitant dans une zone où il est difficile voir impossible de se garer il prendra un rickshaw. Ce "je" entamera une grande discussion avec son conducteur qui lui donnera la vision de Delhi à l'état brut, le "je" dans le bain de la route de Delhi sans protection de son char, et encore une fois on découvrira le récit d'un homme étant venu à Delhi et qui n'a pas eut la vie facile mais qui se donne au maximum pour l'avenir des ses enfants ... Les yeux du "je" voyant la ville d'une autre façon et voudra même consacrer à ces hommes un article dans le journal où il travaille. De très belles histoires de ces hommes, qui cherchent une terre d'espoir, des hommes liés indirectement entre eux par cette ville, un lien où la caste est quasiment invisible dans le fleuve de la circulation et dans le but qui les a mené à Delhi.
La troisième fiction, je l'ai trouvé moins intéressante, il parle d'un mariage d'une fille devenue "quelqu'un" à Delhi et dont une de ses amies d'école y a été conviée. Elle y découvrira un monde complètement à l'opposer de ce qu'est le monde réel.
Donc en résumé, deux belles fictions, une moins intéressante, un livre qui se lit très facilement. Idéal pour faire "une pause" entre deux romans.